« Ce que la science-fiction nous raconte du futur des administrations »
2 min de lecture
Yoan Ollivier, designer formé à l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) et co-fondateur de l’Agence Vraiment vraiment, est un complice de la première heure de la 27e Région. Très grand fan de science-fiction, il revient dans cet entretien réalisé par Anna Lochard, sur la manière dont les auteurs de science-fiction imaginent les services publics de demain et l’administration du futur.
Publié le 14 août 2018 sur Horizons Publics.
De manière générale, l’administration publique est-elle un sujet d’intérêt courant pour la littérature de science-fiction ?
La science-fiction s’est beaucoup interrogée sur les politiques de demain, plus rarement sur les administrations publiques qui restent souvent un non-sujet. Le plus souvent, on voit à l’œuvre les fonctions régaliennes (polices, organes de contrôle, militaires, justice, etc.) en tant que prolongement politique rigide et aveugle du pouvoir. Si quelque chose a évolué, c’est le rôle et la fonction politique pour devenir tantôt une tyrannie, tantôt inutile. Ses modes d’interventions, ses outils restent très similaires.
Même dans des univers très originaux sur bon nombre d’aspects de la société, les administrations vont être décrites comme bureaucratiques, tatillonnes, rigides, etc. Bref, ayant les mêmes travers et défauts que nos administrations actuelles. C’est bien sûr le cas dans le film Brazil de Terry Gilliam, par exemple, ou encore dans Rama, une série de romans d’Arthur C. Clark (aussi auteur de 2001, l’Odyssée de l’espace).
L’histoire : un gros cylindre de métal apparaît de manière inexpliquée dans le système solaire… Mais sa découverte va être grandement ralentie par une bureaucratie truffée de comités d’expert et de direction qui ne permettent pas à l’université de prendre conscience à temps du moment historique qui se présente. Pourtant, dans cet univers, l’éducation, le travail, la propriété, la monnaie ou encore le couple sont complètement réinventés par rapport à nos normes actuelles. Mais la bureaucratie, elle, demeure…
D’un certain point de vue, cela n’est pas étonnant. En tant que fictions, les œuvres de science-fiction doivent offrir des enjeux à ses héros et offrir de nouvelles perspectives politiques est un bon ressort scénaristique : « mauvaise », « sournoise » et « manipulatrice », la menace politique peut facilement peser sur les environnements imaginés par les auteurs.
L’administration, elle renvoie plutôt à un imaginaire de temps de paix, de calme et de prospérité. Un élément narratif bien moins intéressant. L’administration renvoie aussi à un imaginaire colossal et immuable qui n’est prometteur d’aucunes actions, perspectives, mouvements, ni d’aucune vitesse ou quelconque urgence.
Essayons tout de même de trouver d’autres exemples inspirants. Par exemple, est-ce que tu peux nous dire quel est le livre de science-fiction où l’administration publique te semble la plus désirable ?
Lire la suite sur le site d’Horizons Publics.