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Collectivités territoriales

Municipales : le jour d’après la victoire (pour ne pas la gâcher d’emblée)

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Publié le 11 février 2020 sur La gazette de communes.


Le temps de la campagne conduit les aspirants et leurs équipes à se focaliser sur des exercices – le programme et la stratégie électorale – qui ne suffisent pas à assurer les fondements politiques et fonctionnels pour des premières semaines de mandat réussies.

A la faveur de de la montée en puissance des préoccupations écologiques, d’un sursaut du peuple de gauche, de figures tutélaires qui ne se représentent pas ou génèrent un fort rejet, de nouvelles équipes municipales pourraient accéder au pouvoir dans des villes et des agglomérations importantes en mars prochain.

Ce renouvellement, démocratiquement normal et sain, n’est pas anodin – a fortiori quand il interviendra dans des villes peu habituées à l’alternance, avec des nouveaux élus qui ne sont pas rompues à l’exercice du pouvoir municipal ou métropolitain et des administrations qui ont été en partie façonnées par plusieurs décennies au service d’un seul homme ou d’un seul parti.

Le temps de la campagne conduit les aspirants et leurs équipes à se focaliser sur des exercices – le programme et la stratégie électorale – qui ne suffisent pas à assurer les fondements politiques et fonctionnels pour des premières semaines de mandat réussies.

Or ces premières semaines comptent beaucoup, tant pour démontrer la cohérence entre programme et exercice du pouvoir, que pour créer les conditions d’un fonctionnement sain et efficace de la collectivité, à tous les niveaux et sans confusion entre prérogatives politiques et administratives.

C’est d’autant plus vrai que les programmes – pour ce que l’on en aperçoit à ce stade – se veulent souvent porteurs d’une certaine radicalité. C’est sans doute autant lié au besoin de différenciation “sur le fond”, dans une élection incertaine et disputée, qu’à une conscience plus grande de l’urgence écologique.

Beaucoup de candidats veulent engager et accompagner une véritable métamorphose de leur territoire et des politiques publiques qui y sont conduites. C’est indispensable et, à bien des égards, tardif : les changements écologiques en cours sont massifs et auront des conséquences radicales sur l’ensemble des politiques publiques.

A ce stade, il nous semble utile de faire les hypothèses suivantes :

1/ Aucune métamorphose désirable n’est possible sans être impulsée et accompagnée par les acteurs publics, donc par les administrations, donc par les agents publics. C’est notamment leur lien à la délibération et à la démocratie qui leur confère cet avantage exclusif, y compris sur les acteurs associatifs ou de l’économie sociale et solidaire (des alliés indispensables, qui ne peuvent se substituer à l’action publique).

2/ Aucune métamorphose du territoire n’est possible sans une métamorphose de l’administration – de ses outils, de ses modes de faire, de ses processus, de ses métiers, de ses lieux, etc.

3/ Aucune métamorphose de l’administration n’est possible si elle n’est pas désirable pour les agents publics et, indirectement, pour les habitants. Même si cela peut sembler un paradoxe, la recherche d’une telle désidérabilité implique d’être capable d’analyser, de reconnaître et de faire prospérer “ce qui fonctionne bien” (plutôt que d’avoir la tentation de la table rase). C’est une condition pour que les agents et les habitants n’aient pas l’impression qu’on réinvente tout (pour que rien ne change ?) chaque lendemain d’élection.

Adhésion des agents publics

En tant qu’agence de design engagée sur de nombreux projets d’innovation publique depuis 10 ans, nous constatons souvent le décalage entre la forte adhésion des agents publics, en particulier de terrain, aux démarches innovantes, et la compréhension et l’intérêt des élus pour ces démarches. De fait, rares sont ceux qui ont une pensée de l’action publique et, donc, une vision claire de ce que peuvent/doivent devenir l’Etat et les collectivités locales. Ils gagneraient pourtant à s’y intéresser de près, car il y va de leur capacité à agir effectivement, au-delà du verbe.

C’est pourquoi nous proposons ici quelques idées à destination des candidats, pour réussir leur prise de fonction et pas seulement leur élection.

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